Nous nous laissions bercer par de vaines chimères ;
Nous forgions l'avenir sur un sable mouvant ;
Nos yeux se sont ouverts sur des pages de guerre,
Sur des pages de deuils écrites dans le sang.
Nous nous dressions méchants, les uns contre les autres
Nous serrions sous nos pas la haine du prochain.
Nous suivions les yeux clos de sinistre apôtres,
Qui préparaient pour vous les tristes lendemains.
Un matin, le réveil, hélas ! sonna tragique.
Le gouffre était ouvert et les cloches, alors,
Sous un beau ciel d'été, d'un azur magnifique,
Entonnèrent un chant lugubre, un chant de mort.
Ah ! les sinistres jours que nous allions connaître !
Nous étions loin, bien loin encore de les prévoir !
Nous n'étions pourtant plus que de fragiles êtres
Ignorant le matin ce que sera le soir.
Et une fois de plus notre rêve a fait place
A la réalité avec tous ses malheurs,
Ses peines, ses chagrins, dont l'ineffaçable trace
Se grave à tout jamais sur nos fronts, dans nos curs.
Cloches qui cette année, sur notre chère France,
Egrenerez là bas un joyeux carillon,
Que vos échos lointaine nous portent l'espérance,
Et verse dans nos curs bien plus qu'une illusion !
Fostin Arzalier