Je sais mon cher petit qu'en l'humble cheminée
Où descendra Noël,
Tu as mis cette année, ainsi que chaque année,
Ta lettre pour le ciel.
Le vent qui te fait peur quand il est en colère
L'a transmise là-haut,
Et Noël est venu me la lire en mystère
A travers mes barreaux.
Dans ta voix qui tremblait d'une émotion profonde,
J'ai reconnu ta voix,
Ta voix douce et caline, ô, ta voix toute blonde
Que j'ai gardée en moi.
Les mots qu'elle me disait, je t'entendais les lire
Comme aux soirs d'autrefois,
Lorsque sur mes genoux tu essayais de lire
Tout un livre à la fois.
Et ta lettre, chéri, dédaignant la fortune
Des joujoux, qu'on n'a pas,
Demandait, cette année, un peu plus que la lune,
Demandait ton papa.
Oubliant Cendrillon, Peau d'âne et leur cortège,
Tu voulais ton papa.
Alors, Noël s'est tu, dans sa barbe de neige
Et j'ai pleuré tout bas.
Le vieillard tout-Puissant ne pouvait satisfaire
A ton ardent désir,
Alors , il appela le vent de la nuit claire,
Le vent qui fait frémir.
Et prenant dans mon coeur tout mon amour immense,
Il le mit dans ces vers.
Le vent te les dira, tout bas, dans le silence
Des longs sommeils d'hiver.
Fostin Arzalier