Ma ville d'ombre et de lumière ,ma ville de mouvance et de couleurs,
En ce soir de spleen et de ciel gris
Je pense à toi et à ta lagune.
Ma ville du noir comme mes doutes et mes angoisses
En cette nuit d'automne ou j'ai débarqué sur les quais
de ta gare,
Noire comme l'opacité de ton brouillard humide et inquiétant,
Noire comme l'obscurité de tes ruelles, de tes canaux sombres
et silencieux,
Noire même comme tes gondoles qui sont censées transporter
La joie et les rires de ces inconnus que j'imagine.
Ma ville rouge, telle que je l'ai retrouvée le lendemain, encore
dans le doute,
Fleur d'espoir et de désespérance mêlées,
Rouge couleur du sang qui coule dans mes veines ,régulier et
monotone comme le temps qui passe,
Rouge de tes barques et tes gondoles, cur battant l'eau de ta
lagune au rythme d'une houle légère,
Rouge de tes couleurs et de ta fugitive lumière d'automne Que
l'aqua alta et l'hiver vont masquer peu à peu,
Rouge de l'ocre de tes murs, du soleil qui filtre furtif à travers
une myriade de canaux
ou se reflète avec une netteté indicible quelque linge
vermeil,
Rouge des maisons de Burano, invitation à la vie retrouvée
et au dépassement de soi-même,
Rouge, dorée comme ce lointain soleil couchant sur ta lagune
Rempli de douceur et de parfums aux senteurs irréelles.
Ma ville blanche d'illumination tempérée des jours suivants,
Blanche de la lumière de tes palais que le temps s'efforce de
ne pas ronger trop vite,
Blanche du lin des draps et des linges qui flottent au vent capricieux
des ruelles et des canaux de Burano,
Blanche comme ces dentelles d'un autre temps qu'on ne retrouve plus
que dans les devantures des vitrines
Ou elles offrent leur finesse à l'il blasé du touriste
qui passe.
Ma ville verte du possible des lointains incertains,
Vert tendre de la façade des maisons de ta lagune
Avec leur porte et leurs fenêtres, passage nécessaire de
l'intimité à la la lumière des places et des ruelles,
Vert lumineux des volets mi-clos, pupilles entrouvertes vers toute l'espérance
de la vie du dehors.
Ma ville bleue, d'attente, de douceur et de calme presque retrouvés,
MA ville du Bleu des barques alanguies dans la douce torpeur d'une ville
un instant assoupie,
Ma ville du bleu profond des canaux, calme et net miroir de ce qui vit
au rythme d'un autre temps,
Ma ville du bleu des linges étendus, qui laisse deviner au passant
pressé
L'existence d'une vie plus sereine, plus paisible,
Ma ville du bleu des maisons de Burano, bleues comme un azur magnifique
et éthéré,
Bleues comme un rêve d'enfant inaccessible et souhaité.
Ma ville des couleurs mêlées, source de certitude proche
enfin retrouvée,
Ma ville du bleu, du jaune, du rouge, de l'or qui jettent une touche
d'espoir
Sur le clair-obscur des ruelles et des canaux enchevêtrés,
Ma ville de tous les reflets qui se mêlent et se démêlent
après le passage d'une barque,
Ma ville, symphonie de lueurs mouvantes ou se cachent des espoir attendus,
Pour ce possible proche d'angoisse évanouie dans l'ombre et la
lumière, je tiens à toi.